Françoise Hardy (Biographie)

Françoise Madeleine Hardy (née le 17 janvier 1944 à Paris[1]) est une chanteuse française. Auteure-compositrice-interprète, Françoise Hardy débute dans le monde musical à 18 ans et rencontre un succès immédiat. Après s’être produite pendant six années sur scène, elle abandonne cet aspect démonstratif du métier. Depuis, elle poursuit une carrière essentiellement discographique. Parallèlement à l’écriture de chansons, elle porte un intérêt certain pour l’astrologie qu’elle appréhende comme complément à la psychologie. Sur des mélodies mélancoliques qu’elle affectionne, son répertoire est en grande partie le reflet des doutes, des interrogations, de l’anxiété que suscitent en elle les tourments des relations sentimentales. Françoise Hardy partage sa vie avec le chanteur et acteur de cinéma, Jacques Dutronc depuis 1967. Ils ont un enfant, Thomas, né le 16 juin 1973. Ils se sont mariés le 30 mars 1981 à Monticello en Corse.
Sa jeunesse se passe en vase clos dans le 9e arrondissement de Paris auprès d’une mère, aide-comptable, restée célibataire, [2] et d’une sœur, sa cadette d’un an et demi.[3] Son père, directeur d'une fabrique de machines à calculer, marié à une autre femme, est rarement présent. Adolescente complexée et sentimentale, c’est son goût pour la chanson et la découverte du rock’n’roll sur son poste de radio, qui lui font choisir à seize ans, une guitare en récompense de sa réussite au baccalauréat, en juin 1961. Aidée d’une méthode sommaire, elle s’essaye à poser quelques accords sur des mots qui traduisent ses états d’âme et se met à rêver d’un métier ayant un rapport, de près ou de loin, avec le milieu musical. Après une première année d’études supérieures à la Sorbonne, une annonce dans le journal France-Soir retient toute son attention : une maison de disques souhaite auditionner de jeunes chanteurs[4]. Françoise obtient un rendez-vous et passe un essai qui reste sans suite. Avant de contacter d’autres sociétés, elle s'inscrit au Petit conservatoire de la chanson de Mireille (elle y restera deux ans). Elle se présente ensuite chez les disques Vogue, un label qui possède Johnny Hallyday dans son catalogue et qui souhaite trouver son pendant féminin. Intéressé par son style, le responsable des auditions l’invite à se perfectionner et lui donne des cours de solfège. Quelques mois après, à la mi-novembre 1961, le directeur artistique de Vogue lui signe un contrat. Le Petit conservatoire de la chanson est aussi une émission télévisée de l’ORTF et le 6 février 1962 « Mademoiselle Hardy » fait sa première apparition en public. L’enregistrement de son premier disque microsillon est bouclé le 25 avril. Il y a l’adaptation française d’une chanson américaine (Oh oh chéri), sur laquelle mise la production, et trois de ses propres compositions. Le super 45 tours sort au mois de juin et les quatre titres ne tardent pas à être entendus dans les postes à transistors. Trois mois plus tard, 2000 exemplaires sont écoulés.
La chanteuse se révèle en noir et blanc, sur l’unique chaîne de TV, dans la soirée du dimanche 28 octobre 1962 — De nombreux téléspectateurs attendent les résultats du référendum sur l'élection au suffrage universel du président de la République — Dans l’un des intermèdes musicaux, Françoise Hardy apparaît pour chanter Tous les garçons et les filles. Dès le lendemain et les jours suivants, le titre va se démarquer des trois autres sur les ondes radios et dans les juke-boxes et devenir un « tube » incontournable. À la fin de l’année, 500 000 exemplaires ont déjà été vendus. La presse s'empare du phénomène. Paris Match la met en couverture de son numéro du 5 janvier 1963 et la consacre nouvelle « idole » de la chanson. Ce succès, porté par la vague « yéyé », lui vient également de ses talents d’écriture et de composition, peu courants chez les nouveaux interprètes de ce début des sixties. Claude Lelouch, alors inconnu, la filme pour un des tout premiers Scopitone. Monaco la choisit pour défendre ses couleurs au Concours Eurovision de la chanson le 23 mars 1963 à Londres avec une de ses compositions, L’Amour s’en va (classée 5e). Le cinéaste Roger Vadim la fait débuter au cinéma dans Château en Suède, d’après la pièce de théâtre de Françoise Sagan. Elle enregistre d’autres disques, enchaîne les galas et les tournées, puis fait ses premiers pas sur la scène de l'Olympia (« Musicorama », organisé par Europe 1), à partir du 7 novembre — en covedette avec Richard Anthony durant 8 semaines[5]. Fin 1963, le 45 tours contenant Tous les garçons et les filles atteint le million de disques vendus et franchit les frontières. Traduite par Quelli della mia eta’, la chanson connaît sensiblement le même score de ventes en Italie. Dans une moindre mesure, L'amore va (L’Amour s’en va) rencontre à son tour, les faveurs du public transalpin. Par ailleurs, la chanteuse y sera sollicitée pour participer à quelques films musicaux. Ses chansons en anglais sont également bien accueillies Outre-Manche. Notamment Catch a Falling Star en 1964 et surtout All Over the World, adaptation d’une de ses compositions (Dans le monde entier), qui est classée en tête du Hit-parade en 1965. Cette même année, l’Allemagne la rend populaire au lendemain d’un show télévisé, avec le titre Frag’ den Abendwind. En 1966 elle participe au 16e Festival de la chanson de Sanremo. Sa popularité atteint le Canada, le Danemark, l'Espagne, le Japon, les Pays-Bas[6] D’autres succès suivront : Le Temps de l'amour (mis en musique par Jacques Dutronc), Le Premier Bonheur du jour, Mon amie la rose, L’Amitié, La maison où j'ai grandi, Rendez-vous d'automne, Des ronds dans l'eau... Des chansons certes, mais l’image aussi : les minijupes, les boots blanches et le visage sous la frange des cheveux. Image dont l'évolution s’opère sous l’influence de son compagnon Jean-Marie Périer, photographe de la revue Salut les copains — des couturiers d’avant-garde, comme André Courrèges, Yves Saint-Laurent et Paco Rabanne, lui emboîteront le pas en la choisissant comme ambassadrice d'une mode préfigurant la femme de l'an 2000. Il la conseille dans tout ce qui touche à sa carrière, l’incitant aussi à accepter d'autres rôles au cinéma. Par ailleurs, il lui fait découvrir et aimer la Corse et lui suggère d’y faire construire une maison. L’année 1965 débute par une tournée française avec Hugues Aufray en covedette, où elle étrenne une tenue de scène créée par André Courrèges[7]. Après une courte participation dans la dernière scène du film, Quoi de neuf, Pussycat ? (What's New Pussycat ?) de Clive Donner[8], elle part en Grèce pour le tournage d’Une balle au cœur du jeune cinéaste Jean-Daniel Pollet. En juin, elle se produit pendant deux semaines, au cabaret de l’hôtel Savoy à Londres puis elle effectue une tournée estivale de juillet à mi-septembre (France, Espagne, Allemagne, Suisse, Italie). À partir du 27 octobre, deuxième passage à l’Olympia en covedette avec Les Compagnons de la chanson et Guy Mardel. L’année suivante, deuxième tour de chant au Savoy — sa tenue de scène : un smoking créé par Yves Saint-Laurent) .Reconnaissant en elle l’un des personnages qu'il a en tête pour son futur film, le metteur en scène John Frankenheimer l'engage sur le tournage de Grand Prix, une superproduction sur les courses automobiles. Cinq mois durant, elle est présente sur tous les circuits de Formule 1 : Monaco, Spa-Francorchamps, Zandwoort, Monza…Pour la première projection publique, elle est invitée par la Metro Goldwyn Mayer avec la vedette française du film, Yves Montand, à se rendre à New York, le 21 décembre 1966. À cette occasion, la Warner, en accord avec Vogue, diffuse ses disques sur le marché américain. Le lancement de The Yeh-Yeh Girl from Paris, la fait participer, entre autres apparitions télévisées, au Grace Kelly Show et les pages des magazines prennent le relais. En 1967 elle crée « Asparagus », sa propre maison de production et signe un nouveau contrat avec Vogue pour la distribuer. Le chanteur Jacques Dutronc est maintenant entré dans sa vie depuis l'été et leurs longues séparations lui sont éprouvantes. Les tournées se font à un rythme soutenu : 73 récitals en France, 15 galas - avec Udo Jürgens - au Canada… En février 1968, Françoise Hardy se produit dans les universités britanniques : Brighton, Cambridge, Liverpool, Durham, Birmingham, Southampton.Périple en Afrique du Sud du 26 février au 16 mars : Prétoria, Johannesburg, Durban, Le Cap.Devant le succès remporté à l’étranger, il est décidé d’interrompre momentanément les tournées pour enregistrer de nouvelles chansons en anglais, en italien et en allemand.Avant cela, elle honore ses derniers contrats : un gala à Kinshasa et, à partir du 22 avril, un dernier tour de chant au Savoy de Londres. Le couturier, Paco Rabanne lui « façonne » pour l’occasion une impressionnante combinaison métallique qui fait sensation[9]. Le couturier poursuivra sa collaboration avec la chanteuse et créera l’évènement en lui faisant porter « la minirobe la plus chère du monde » - faite de plaquettes d’or incrustées de diamants -, lors de l’inauguration de l'Exposition internationale de diamants, le 15 mai, alors que la révolte étudiante gagne le pays.Face aux « évènements » qui prennent de l’ampleur, sa maison de disque lui conseille de s’éloigner de la capitale. Elle regagne alors sa maison en Corse en compagnie de Jacques Dutronc. La rumeur sur son désir de délaisser la scène au profit du disque, se propage. En effet, la chanteuse y songe sérieusement et cette pause dans les tournées est l’opportunité qu’elle saisira pour franchir le pas. Pour son prochain album, Serge Gainsbourg lui compose Comment te dire adieu ?. C'est un des gros succès de l'année 1969. Ce retour au sommet du hit-parade redonne un coup de fouet à sa carrière. Cependant, sa décision d'abandonner la scène est maintenant irrévocable. Elle ne donnera désormais que des prestations télévisées. Quant au cinéma… faire l’actrice ne l’intéresse plus. Son temps libre est mis à profit pour suivre un temps, des cours de psychologie avant de se tourner vers l'astrologie traditionnelle. Ce choix est guidé par sa première expérience, faite cinq ans auparavant, où un concours de circonstances lui avait fait consulter un astrologue. Les révélations qu’il avait faites sur sa personnalité secrète l’avaient troublée et piqué sa curiosité. Son intérêt dans ce domaine est vite connu et elle reçoit rapidement des propositions de travail qu’elle accepte pour se perfectionner auprès d’astrologues confirmés. Côté musique, elle rompt avec les disques Vogue.
En 1970, Françoise Hardy crée une nouvelle société de production : Hypopotam. Un contrat de trois ans confie à Sonopresse la distribution de sa production. Pendant cette période, pas un an ne passe sans sortir de disque : Soleil, La Question, Et si je m'en vais avant toi et If You Listen, un album de chansons en anglais. Un 45 tours sort également, avec un duo avec le comédien Patrick Dewaere : T’es pas poli. Malgré leur qualité, ces albums n'emporteront pas l'adhésion du public et resteront confidentiels. Un nouveau contrat est signé en 1973 avec WEA. La chanteuse, qui aspire à changer de registre, se met en quête de mélodistes. La collaboration avec l'auteur-compositeur Michel Berger, sera une étape marquante dans sa carrière. Après la naissance de son fils Thomas, le 16 juin, elle entre en studio pour l'enregistrement de l'album Message personnel. L'important succès qu'il rencontre, lui permet de faire un retour remarqué. Fin 1974 l’astrologue Jean-Pierre Nicola lui demande de travailler avec lui pour une revue spécialisée[10]. Elle tracera ainsi son chemin en experte qui l’amènera à ce que le directeur de Radio Monte-Carlo lui confie en 1980, une émission hebdomadaire qu'elle animera avec son mentor, Jean-Pierre Nicola. Parallèlement, sont enregistrés : son unique album-concept, “Entr’acte” et trois 45 tours dont celui de la bande originale du film de Claude Lelouch, Si c'était à refaire dans lequel elle apparaît le temps de chanter, Femme parmi les femmes.
L’éducation de son enfant lui fait délaisser l’écriture de chansons. Chez EMI le tandem Gabriel Yared / Michel Jonasz lui concoctent trois albums aux colorations funky et jazzy. Nous sommes en 1978, en pleine période « Disco » et le succès de J'écoute de la musique saoûle lui attire un plus jeune public. Le 30 mars 1981 le couple Hardy-Dutronc se marie devant le maire de Monticello en Corse. Tamalou est sur toutes les ondes. Françoise Hardy renoue, certes, avec le succès mais ces chansons ne la satisfont guère. « J’ai toujours été la même, j’aime les belles chansons lentes sur fond de violons. Je n’aime que les chansons tristes.[11] » En 1982, la graphologie éveillant son intérêt depuis quelque temps, Françoise Hardy la conjugue avec l’astrologie, avec la collaboration de la graphologue Anne-Marie Simond, dans une nouvelle émission radiophonique : « Entre les lignes, entre les signes ». Au printemps, son album, Quelqu'un qui s'en va est chez les disquaires[12]. La chanson, Tirez pas sur l'ambulance déboule en vidéo-clip à la télévision. La silhouette est inchangée, mais les cheveux sont courts maintenant. Le cap de la quarantaine est proche et elle ne se voit pas « pousser la chansonnette » au-delà. Cependant, elle reprend la plume et sort deux 45 tours : Moi vouloir toi, sur une musique de Louis Chédid, en 1984 et V.I.P. sur une composition de Jean-Noël Chaléat, en 1986. Entre temps, elle écrit aussi des chansons pour Diane Tell (Faire à nouveau connaissance) et pour Julien Clerc (Mon ange).
En 1988, au bout de vingt six ans de carrière, elle prend la décision de s’arrêter après la sortie de son 21e opus : Décalages – édité en disque vinyle et en disque compact[13]. Elle en a écrit tous les textes. Porté par le titre Partir quand même (sur une musique de Jacques Dutronc), il devient disque d’or en peu de semaines. À la fin de l’année, son contrat avec RMC n’étant pas renouvelé, la voilà désormais libre de tout engagement. Françoise Hardy tient cependant à garder un pied dans le milieu de la chanson. elle écrit pour Julien Clerc (Fais-moi une place), Patrick Juvet, Viktor Lazlo, Jean-Pierre Mader (En résumé, en conclusion) et Guesch Patti. Crée des versions nouvelles pour une compilation de ses chansons. Participe à des disques caritatifs ou collectifs. En 1992, elle s'investit dans la production et la promotion du premier album de son poulain, le compositeur Alain Lubrano, en chantant en duo Si ça fait mal, dans des show cases et dans l’émission télévisée Taratata. Répond aux sollicitations de Malcolm McLaren (Revenge of the Flower), en 1994 et de Damon Albarn du groupe Blur (The End), en 1995.D’autre part, son activité d’astrologue est menée de front : co-signe quelques ouvrages, collabore à des revues spécialisées et tiendra durant cinq années une rubrique quotidienne sur la station de radio RFM.
Stimulée par le directeur artistique Fabrice Nataf et le chanteur Étienne Daho qui voudraient la voir enregistrer de nouveau, Françoise Hardy se met en quête de maisons de disques prêtes à l’accueillir. Mûrement réfléchi, son choix se porte sur la société Virgin. Le contrat est signé en décembre 1994[14]. L’album du retour paraît sur les mélodies rock d’Alain Lubrano et de Rodolphe Burger, Le Danger confirme que sa plus grande source d’inspiration a été et sera toujours la souffrance et la douleur des sentiments. Le 4 octobre 1997, Julien Clerc fête ses cinquante ans au Palais des sports. Invite quelques grands noms de la chanson française et réussit à la faire chanter sur scène avec lui. L’an 2000 voit la sortie de Clair-obscur. Son fils Thomas l'accompagne à la guitare sur quelques morceaux de cet album composé de duos et de reprises. La chanson Puisque vous partez en voyage[15] chantée en duo avec Jacques Dutronc, contribue à le propulser disque d’or. Aussitôt après, l'astrologue se substitue à la chanteuse pour se mettre à la rédaction d’un exposé sur l’astrologie. Les Rythmes du Zodiaque est dans les librairies à la fin mars 2003. Quand l’artiste reprend le chemin des studios d’enregistrement, Thomas Dutronc fait à nouveau partie de l’aventure en tant que musicien et réalisateur de quelques titres. À l’automne 2004 le CD Tant de belles choses donne l’opportunité à Françoise Hardy de faire un come-back dans les pays voisins (plus particulièrement en Allemagne) et au Canada. Grâce à cet album, certifié disque d’or un mois après sa sortie, elle est distinguée comme artiste interprète féminine de l'année aux 20e Victoires de la musique , le 5 mars 2005[16]. Dans les médias, le mot « idole » est depuis longtemps tombé en désuétude. Celui d’« icône » l’a remplacé. Françoise Hardy est devenue une référence reconnue et une inspiratrice revendiquée, aussi bien en France qu’en Grande-Bretagne ou au Québec. Pour couronner une carrière d’auteur et d'interprète depuis plus de quarante ans, la chanteuse est reçue le 30 novembre 2006 sous la coupole de l’Institut de France pour lui remettre la Grande Médaille de la Chanson française, décernée par l'Académie française. À ce moment sort (Parenthèses...), album composé de duos où sont présents, entre autres invités, la chanteuse Maurane, la pianiste Hélène Grimaud, le chanteur Julio Iglesias, l’acteur Alain Delon. Cinq mois plus tard, il est certifié disque de platine.[17] En 2007, poussée par les Éditions Robert Laffont, Françoise Hardy s'attelle à la rédaction de ses mémoires. Le livre paraît en octobre 2008 sous le titre Le Désespoir des singes… et autres bagatelles.[18] Certains aspects de sa vie professionnelle et privée sont ainsi révélés. « Je me suis évertuée à restituer la vérité avec autant d'exactitude et de sensibilité que possible.[19] J’espère seulement avoir été impudique… avec pudeur.[20] » L’ouvrage se trouve être l’un des plus lus en 2008 selon le palmarès L'Express-RTL[21] et fait partie des 6 titres en lice pour le Prix Essai France Télévisions 2009[22]. En été 2009, la chanteuse débute la préparation de son 26e album studio.